Allocution de Mgr Hervé Gosselin pour le lancement de la fondation de l’abbaye de Bassac

Déclarations de l'évêque

Publié le 9 janvier 2020

Le dimanche 12 novembre 2017, Mgr Hervé Gosselin a exposé pourquoi l’Église de Charente s’est associée à la réalisation du projet de renouveau de l’Abbaye de Bassac.

Le pape François invitait les religieux, voici quelques années à « regarder le passé avec reconnaissance, vivre le présent avec passion et embrasser l’avenir avec espérance ».

A travers mille ans d’histoire, l’Eglise dans sa dimension monastique, religieuse, diocésaine a souhaité transmettre une bonne nouvelle. Elle l’a fait en s’ouvrant au monde et en s’intéressant au bien de tous les hommes et des sociétés, par la création d’hôpitaux, d’orphelinats, d’écoles, d’universités. Les abbayes ont contribué au développement et aux progrès des civilisations. C’est bien un travail de mémoire que nous effectuons aujourd’hui, comme nous l’avons fait hier pour les célébrations du 11 novembre : se rappeler pour préparer la paix, se rappeler pour témoigner. La joie évangélisatrice brille toujours sur le fond de la mémoire reconnaissante.
Notre civilisation a des racines chrétiennes, dont les lieux comme Bassac, peuvent devenir de simples évocations du passé… de simples vestiges ou le support d’une œuvre vivante au service des hommes de multiples manières…

Je remercie tout particulièrement Mr Deschamps, Mr Hériard-Dubreuil, qui avec le Père Jean-Louis Souletie et la congrégation des Frères de Ste Thérèse ont souhaité que le passé soit le socle d’une création et d’une fondation pour demain, une création nouvelle. Je les remercie de la passion qu’ils partagent pour ce lieu afin que ce qui se vivra ici soit au service de tous, pour une contribution au renouvellement de l’art de vivre.

Je les remercie d’avoir associé l’Eglise diocésaine à servir le projet, l’âme du projet, de s’inscrire dans la tradition de prière et de spiritualité de ce lieu.
« Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui. En réalité, toute action évangélisatrice authentique est toujours « nouvelle » » (Pape François Evangelii Gaudium 11)
Il ne s’agit pas de réanimation, ni de restauration à l’identique mais de création dans la fidélité à un esprit qui est le socle solide de cette abbaye et qui est intemporel. Autant le temps évoque la fluidité, le liquide, la génération, autant il a besoin pour assurer son cours de trouver des berges solides qui donnent au fleuve son orientation et sa destination.

Je souhaite un lieu ouvert à tous : ceux qui sont au centre de la vie sociale, ecclésiale comme ceux qui sont à la périphérie.
« L’unique modèle pour évaluer correctement une époque est de demander jusqu’à quel point se développe en elle … la plénitude de l’existence humaine, en accord avec le caractère particulier et les possibilités de la même époque » (Evangelii Gaudium 9) nous dit le Pape François. C’est notre responsabilité collective d’assurer une proposition culturelle et spirituelle.
Les citoyens vivent en tension entre la conjoncture du moment et la lumière du temps, d’un horizon plus grand, de l’utopie qui nous ouvre sur l’avenir comme cause finale qui attire. De là surgit un premier principe pour avancer dans la construction d’un peuple : le temps est supérieur à l’espace.

Ce qui a été initié il y a quelques années aboutit à cette naissance, qui nous ouvre un avenir prometteur au service des Charentais et bien au-delà.
C’est donc un lieu pour tous les citoyens du monde : un lieu de ressourcement, de réflexion et de partage, hors de la pensée unique destructrice.

Benoît XVI écrivait : « Qu’est-ce qui peut redonner l’enthousiasme et la confiance, qu’est-ce qui peut encourager l’âme humaine à retrouver le chemin, à lever le regard vers l’horizon, à rêver d’une vie digne de sa vocation sinon la beauté ? » (Discours aux artistes, nov. 2009)
Le moment actuel est malheureusement marqué, non seulement par des phénomènes négatifs au niveau social et économique, mais également par un affaiblissement de l’espérance, par un certain manque de confiance dans les relations humaines. C’est la raison pour laquelle augmentent les signes de résignation, d’agressivité, de désespoir.
Ensuite, le monde dans lequel nous vivons risque de changer de visage à cause de l’œuvre qui n’est pas toujours sage de l’homme qui, au lieu d’en cultiver la beauté, exploite sans conscience les ressources de la planète, au bénéfice d’un petit nombre et qui souvent en défigure les merveilles naturelles.

L’expérience du beau, du beau authentique, pas éphémère ni superficiel, n’est pas quelque chose d’accessoire ou de secondaire dans la recherche du sens et du bonheur, car cette expérience n’éloigne pas de la réalité, mais au contraire, elle mène à une confrontation étroite avec le vécu quotidien, pour le libérer de l’obscurité et le transfigurer, pour le rendre lumineux, beau.

Bassac doit servir la beauté et encourager l’expression artistique. Une fonction essentielle de la véritable beauté, en effet, déjà évidente chez Platon, consiste à donner à l’homme une “secousse” salutaire, qui le fait sortir de lui-même, l’arrache à la résignation, au compromis avec le quotidien, le fait souffrir aussi, comme un dard qui blesse, mais précisément ainsi le “réveille”, en lui ouvrant à nouveau les yeux du cœur et de l’esprit, en lui mettant des ailes, en le poussant vers le haut.
« L’humanité peut vivre sans la science, elle peut vivre sans pain, mais il n’y a que sans la beauté qu’elle ne pourrait plus vivre, car il n’y aurait plus rien à faire au monde. Tout le secret est là, toute l’histoire est là ». Cette expression de Dostoïevski est sans aucun doute hardie et paradoxale mais elle invite à réfléchir : 
Le peintre Georges Braque lui fait écho : « L’art est fait pour troubler, alors que la science rassure ».

La beauté frappe, mais précisément ainsi elle rappelle l’homme à son destin ultime, elle le remet en marche, elle le remplit à nouveau d’espérance, elle lui donne le courage de vivre jusqu’au bout le don unique de l’existence.

Enseignons en ce lieu l’art de vivre, en éveillant la capacité d’éprouver la vraie joie !

C’est pour cela que l’Église de Charente est associée à la réalisation du projet : pour être une proposition bénéfique aux hommes de bonne volonté, une participation à la croissance de l’homme intégral, un lieu où sont écoutés les chercheurs de Dieu et où peut être célébrée la foi chrétienne.
Le temps et le beau font bon ménage et sont porteurs d’espoir : c’est la vocation de ce lieu et j’ajouterai cet acte de foi : « la beauté c’est Dieu, la bonté c’est Dieu, l’amour c’est Dieu ».
Merci pour votre bonté ! Je souhaite à tous la vraie joie !

+ Mgr Hervé Gosselin, le 12 novembre 2017 à l’abbaye de Bassac

Partagez cette page à vos amis !




Télécharger au format PDF

Les chantiers de notre diocèse

Donner pour l’installation d’une communauté à Bassac

UN NOUVEL AVENIR POUR L’ABBAYE MILLÉNAIRE DE BASSAC, SI CHÈRE AU CŒUR DES CHARENTAIS, SE DESSINE ENFIN ! Un prêtre, accompagné de plusieurs permanents, ont rejoint l’abbaye début février 2022 pour animer au quotidien un lieu de prière et d’hospitalité ouvert à tous, dans l’esprit de laudate si, avec une attention particulière confiée par mgr […]
En savoir plus
159 472 € financés sur un objectif de 210 000 €

Soutenons ensemble la rénovation de la façade de la Maison Diocésaine !

Dès l’automne prochain, notre Maison diocésaine devrait commencer à faire peau neuve. La Maison diocésaine est au centre et au service de l’Église en Charente : elle héberge tous les services diocésains, certains mouvementset des associations qui comptent dans le paysage charentais : RCF Charente, BD Chrétienne, etc… Elle profite d’une situation géographique exceptionnelle, au […]
En savoir plus
158 350 € financés sur un objectif de 162 000 €

Je recherche