HOMELIE POUR LA SOLENNITE DE LA TOUSSAINT 2020
Frères et sœurs,
Chacun d’entre nous a un ou plusieurs saints et saintes à qui il est attaché, sans compter le saint dont nous portons le nom et les Saints de nos paroisses. Il y aurait même des familles et des villages qui ont leurs saints propres. Ce qui est une bonne chose et qui prouve que nous les aimons. A ces saints pour qui nous nous sentons déjà proches, l’Eglise en cette solennité de la Toussaint nous invite à nous associer dans la joie et l’action de grâce, et dans une même célébration, à toutes ces personnes qui contemplent, jour et nuit, la face de Dieu. C’est donc une belle occasion de nous réjouir pour elles, à goûter leur joie, à implorer une fois de plus leur intercession, en espérant être nous aussi un jour du nombre des élus.
Cette solennité de la Toussaint nous porte ainsi à l’espérance. Cette espérance est fondée sur l’unique vocation à laquelle nous sommes tous appelés par notre baptême : La vocation à la sainteté. En regardant vers les saints et les saintes, on pourrait dire qu’ils sont vainqueurs avec le Christ ressuscité, parce qu’ils ont accepté de leur vivant de porter leur croix, avec un regard rivé sur le but. Saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens dit à ce propos qu’il coure pour gagner une couronne impérissable: (1 Cor 9, 25). Cette image de la course nous suggère de considérer la sainteté comme la compétition la plus importante de notre vie. Nous y sommes inscrits par notre adhésion à la foi au Dieu véritable. La sainteté exige donc de chacun un effort constant comme dans toute course. Mais elle est avant tout un don du Dieu trois fois Saint comme nous l’avons écouté dans la deuxième lecture : « voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. »
En célébrant la Toussaint, il est bien que nous ayons un arrêt afin de savoir qui sont les saints, comment ont-ils fait pour y arriver, pouvons-nous aussi aujourd’hui le devenir et à quoi sert notre louange aux saints. Ces questions doivent déjà être portées par notre désir d’être plus proches de Dieu. Car la sainteté est cette proximité avec Dieu. Parlant des saints, il ne faut pas d’abord y voir des supers héros qui ont accompli des actions et des œuvres extraordinaires, ou qui ont possédé des charismes exceptionnels. Il est nécessaire avant tout d’y voir des personnes ordinaires, avec ou sans visages, avec leurs limites, qui ont décidé de mettre Dieu au centre de leur vie.
Le texte de l’apocalypse nous dit qu’il s’agit d’« une foule immense, que nul ne peut dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ». A travers cette foule immense, ce texte nous enseigne que la sainteté n’est pas un luxe réservée à une catégorie de personnes. A ce titre, nous pouvons penser, avec raison, à toutes ces personnes de notre entourage immédiat ou non qui, de leur vivant, avaient donné le témoignage authentique et admirable d’une vie simple, humble et pleine d’amour. Demain nous penserons à nos défunts. Qu’ils soient déjà associés par notre prière à la célébration de ce jour parce que nous croyons à la résurrection de la chair.
Ce que ces personnes ont fait pour devenir des saintes se retrouve dans les lectures de ce jour. L’apocalypse nous enseigne qu’elles sont passées par la grande épreuve. La grande épreuve de l’amour de Dieu, de l’homme et de la création. Quant à l’Evangile, il nous enseigne que le chemin du bonheur passe par les béatitudes. Pour vivre avec Dieu, il faut pleurer avec ceux qui pleurent, être doux avec les doux, avoir faim et soif de justice, être pauvre de cœur, faire miséricorde, avoir le cœur pur, souffrir avec les persécutés pour la justice. Il s’agit de le faire pendant que nous sommes vivants en ce monde.
Voilà un programme que le Christ nous propose. Lui-même l’a vécu à la perfection, puisqu’il est le bienheureux par excellence. Nous pouvons devenir des saints si nous mettons la sainteté dans notre projet de vie. Et chacun a son chemin de sainteté qui retrouve celui du Christ. Il faudrait tout simplement assumer notre baptême et le vivre pleinement. Par solidarité, les saints intercèdent pour nous et sont nos ambassadeurs sur la route qui mène à la sainteté. La vierge Marie reste la première en chemin.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’appel à la sainteté retentit dans notre monde qui traverse une crise de la fraternité authentique et de la foi véritable. Osons comme les saints donner un avenir au monde et prions avec conviction afin que le Seigneur ravive en nous ce désir de sainteté. Bonne fête à tous !
Jacques Emmanuel NDONG