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« Un grand abîme a été établi entre vous et nous, Pour que ceux qui voudraient passer vers vous, ne le puissent pas. »
L’évangile fait là un constat d’une malheureuse et constante actualité.
Entre le pauvre et le riche quelque chose d’irréversible s’est passé, une rupture d’humanité que rien ni personne ne semble pouvoir résorber. Même la résurrection ne peut rien, si rien dans nos vies ne change.
Oui, notre humanité est capable de construire ces abimes entre ses membres. Les abîmes entre les religions, entre riches et pauvres, entre ressortissants de différentes nations ou cultures…
Des drames quotidiens ne viennent même plus inquiéter notre conscience souvent prise dans nos « festins somptueux ». Concrètement on sait qu’entre 1993 et 2019, ce sont 34 000 réfugiés qui ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Europe ! Ce chiffre qui cache des histoires singulières, des familles à jamais meurtries, fait froid dans le dos. Depuis 2014, ce sont près de 2000 personnes qui meurent chaque année en Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Le « grand abîme » dont parle l’évangile est bien toujours là. On le sait, la misère, le dérèglement climatique, la répression politique sont les causes de ces déplacements. Des causes souvent exploitées par des passeurs sans scrupules.
Aujourd’hui c’est la journée du réfugié. Nous sommes concernés. Sur notre doyenné Grand Angoulême, plusieurs paroisses en accueillent : Saints-Apôtres au centre-ville, St-Amant-Gond-Champniers, et Notre-Dame des Sources, par une convention avec l’APLB dans l’ancienne maison des Sœurs à Magnac. Certains d’entre vous sont directement concernés. Cette solidarité n’est pas optionnelle pour l’Église.
L’apôtre Paul invite Timothée au « combat de la foi ». Lui, comme « tout homme de Dieu », est invité à rechercher la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. C’est à ce prix-là que les abîmes entre humains seront estompés. C’est le prix du « doigt dans l’eau pour rafraichir la langue ». C’est le prix de l’éponge pour répondre au « j’ai soif » de Jésus sur la croix. C’est le prix de la désobéissance parfois pour rendre justice à toutes les victimes des abîmes que nous creusons. Ces victimes que nous sommes nous-mêmes parfois.
P. Laurent Maurin
29 septembre 2019